Le garage solidaire, aux mains de l’association Garages Solidaires du Grand Sud, vient de signer une convention avec le tribunal judiciaire de Nice. L’institution lui fera don d’une partie des véhicules saisis par la justice. Cela pourrait représenter une centaine de voitures par an.

Le garage Solidarauto, à Nice, propose ses services automobiles à des prix défiants toute concurrence pour les personnes dans le besoin. La structure vient de signer une convention avec le tribunal judiciaire de Nice, qui fera don d’une partie des voitures saisies par la justice. Elles seront ensuite vendues à prix attractif.
Des garages solidaires, il y en a peu en France. Seuls huit établissements font partie du réseau national Solidarauto, visant à fédérer les garages solidaires. Le seul du réseau dans le département se situe au 22 rue Gounod. Il est tenu par l’association Garages Solidaires du Grand Sud, fondée en 2018.
Deux tarifs de réparation
Pour accéder au garage, au fond de l’impasse, il faut se frayer un chemin entre les véhicules. À l’entrée, deux hommes en bleu de travail, sous une voiture complètement désossée, l’inspectent au peigne fin. Un garage traditionnel ? Pas tout à fait. En passant à la caisse après des réparations, une particularité se révèle. Car le garage propose deux tarifs : le tarif « citoyen » (accessible à tous, un peu plus bas qu’en garage traditionnel) et le tarif « bénéficiaire ». Pour en profiter, il faut être sous le seuil de pauvreté, sur vérification de l’avis d’imposition. « Ces clients ont besoin d’une voiture pour aller au boulot, emmener les enfants à l’école, aller faire les courses », constate Xavier Mestrallet, le directeur de la structure depuis avril 2025. Ainsi, calculatrice en main, il chiffre : la main-d’œuvre des réparations mécaniques est à 49,90 euros de l’heure au tarif « bénéficiaire », contre 84 euros au tarif « citoyen ». « Pour les pièces, on prend très peu de marge, par rapport aux autres garages », assure le patron. Résultat : des prix attractifs dans toutes les situations et pas d’opérations superflues.

Des voitures entre 2 000 et 5 000 euros
Mais, peu chères, ces prestations de réparation ne permettent pas d’assurer la survie financière du garage. « Pour supporter les charges, il faut que des véhicules nous soient donnés pour en tirer un bénéfice », explique Xavier Mestrallet. Pour cela, le garage reçoit des dons, les remet en état et les revend, entre 2 000 et 5 000 euros. En récompense, les donateurs obtiennent une réduction d’impôt.
Pour ceux qui n’auraient pas les moyens d’acheter un véhicule, le garage propose aussi de la location solidaire. « Pour environ 110 euros par mois, ça permet à un jeune d’être mobile tout de suite, sans investir plusieurs milliers d’euros », justifie Xavier Mestrallet. Chaque mois, une quarantaine de clients poussent la porte de l’établissement.
Du personnel « en insertion »
Cette dimension humaine transpire aussi au sein de la petite équipe, composée du directeur, d’une assistante administrative, d’un chef d’atelier et d’un mécanicien. Ce dernier est en contrat d’insertion. « Ce sont des gens qui ont un problème de maîtrise de la langue française, des difficultés de logement, qui sortent de prison ou d’une addiction. Ou qui n’ont pas travaillé depuis longtemps », liste Xavier Mestrallet. L’équipe technique, formée à la mécanique traditionnelle, est ravie de travailler pour ce projet. « Rendre service aux gens qui ont des difficultés financières, c’est un très bon challenge », indique Guillaume, le chef d’atelier. Le garage associatif fait aussi régulièrement appel à des bénévoles : d’anciens garagistes qui viennent prêter main-forte, ou pour l’administratif.
Une convention signée avec le tribunal de Nice
Le 16 octobre, le garage a passé un cap, en signant une convention avec le tribunal judiciaire de Nice. Objectif : que certaines des voitures saisies par la justice soient données au garage. « Les véhicules de valeur sont vendus aux enchères et les épaves partent à la casse. Entre les deux, il y a les véhicules à faible valeur marchande, mais qui peuvent encore servir. Ce sont eux que nous allons récupérer, réparer et revendre », se réjouit Xavier Mestrallet. Une convention stratégique pour lui, mais aussi pour l’institution judiciaire. « Le tribunal a des coûts de gardiennage beaucoup plus importants que leurs perspectives de revente. Donc ça les intéresse d’avoir une sortie rapide », argumente le directeur du garage. Il estime qu’il pourrait recevoir une centaine de véhicules par an.
Pour faire face à ce potentiel afflux de véhicule, le garage devra s’agrandir, recruter et investir dans un camion plateau pour transporter les véhicules. Pour financer cela, il a fait plusieurs demandes de subventions et attend des nouvelles.