Deux hauts fonctionnaires azuréens également convoqués dans le cadre de l’affaire « Iconic »

Alors que les deux principaux promoteurs de l’ensemble immobilier Iconic sont auditionnés depuis ce matin dans le cadre d’une information judiciaire, les enquêteurs ont également décidé d’entendre deux hauts fonctionnaires niçois.

Enquête sur un programme immobilier de Nice : deux hauts fonctionnaires  azuréens également convoqués dans le cadre de l'affaire « Iconic »

Les auditions des deux principaux promoteurs de l’immeuble Iconic se poursuivent à la caserne Auvare. Selon nos informations, pour l’heure non confirmées par le parquet de Paris à l’origine de cette instruction, Philippe Journo, le fondateur de la compagnie de Phalsbourg, et Paolo Celi, le patron de la société niçoise Fondimo, sont entendus depuis ce jeudi matin par les enquêteurs. Vraisemblablement sous le régime de la garde à vue (1).

Il semblerait que les magistrats de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) aient également décidé de recueillir les déclarations de deux hauts fonctionnaires niçois : un directeur général des services de la ville de Nice dès ce jeudi et un ancien chef de cabinet du maire dans les prochains jours. Eux aussi auraient été convoqués mais cette fois dans le cadre d’une audition libre.

La Métropole « pas concernée »

La Junalco enquête depuis novembre 2022 sur les fondements juridiques, administratifs et économiques qui ont conduit à l’aménagement de 18.300 mètres carrés de surfaces commerciales sur d’anciens terrains appartenant à la SNCF, dans le quartier central de la gare Thiers. Le chantier censé revitaliser un secteur en pleine rénovation urbaine avait été lancé en grande pompe au mois de novembre par le maire de Nice et président de la Métropole Christian Estrosi. Même si dans les rangs de la majorité on rappelle aujourd’hui que cette opération purement privée ne « concerne pas » la collectivité publique : « On n’est ni dans le cadre d’un marché public, ni dans celui d’une délégation de service public. »

L’aménagement de ces espaces stratégiques avait néanmoins donné lieu à un appel à projet. Et c’est un jury composé de quatre conseillers municipaux qui avait permis de désigner le tandem Phalsbourg/Fondimo. Les quatre élus concernés ont d’ailleurs eux-mêmes été entendus en audition libre il y a déjà plusieurs jours, réfutant d’une même voix toute influence ou intervention dans le processus de sélection. Les enquêteurs ont manifestement décidé de poser également la question aux fonctionnaires qui, à l’échelon administratif, ont pu avoir à connaître le dossier Iconic.

Le centre Henri-Moissan du pôle biologie-pharmacie-chimie (BPC) de Paris-Saclay a été conçu par conçu par Bernard Tschumi et Groupe-6.
 ©  Christian Richters, avec l’aimable autorisation de Bernard Tschumi urbanistes Architectes

Ce qui semble surtout intriguer la justice ce sont les raisons qui ont conduit la compagnie de Phalsbourg, l’un des poids lourds de l’immobilier commercial à l’échelon national, à s’associer à une société locale, Fondimo, qui à ses côtés fait office de petit poucet de la promotion. Il semblerait que Philippe Journo a même dû voler au secours de son partenaire niçois, Paolo Celi, en lui accordant un prêt de 600.000 euros. Une « avance de trésorerie » qui aurait depuis été remboursée, intérêts compris, mais qui continue de questionner les enquêteurs.

Soupçons de « trafic d’influence »

Iconic, de La Compagnie de Phalsbourg, a ouvert ses portes au public en avril.

La justice se demande si l’intérêt de la compagnie de Phalsbourg dans cette alliance économique ne serait pas plutôt l’incroyable carnet d’adresses du patron de Fondimo, qui est aussi le fondateur de l’association Amitié Franco Italienne. À ce titre Paolo Celi fréquente la plupart des élus locaux. C’est d’ailleurs lui qui avait organisé l’audience par le pape François des victimes de l’attentat du 14-Juillet. Et déjà lui qui avait emmené, en avril 2013, une délégation municipale au Vatican, dont le maire de Nice.

Y a-t-il pu y avoir trafic d’influence ? C’est précisément ce que veut confirmer ou infirmer l’instruction conduite par la Junalco. Pour l’heure les différents protagonistes de ce dossier s’en défendent avec véhémence. Tant du côté de la municipalité que du côté des promoteurs du projet Iconic dont l’un des proches conseils assure que ces deux entrepreneurs se connaissent en réalité depuis près de 20 ans et ont commencé à travailler ensemble bien avant que la ville ne décide de réaménager le quartier de la gare. Selon lui la thèse d’une alliance de circonstance ne résisterait pas à l’épreuve des faits.

1- En vertu du code de procédure pénale, une audition libre ne peut excéder 4 heures.